Lady Bird, de Greta Gerwig

On connaissait Greta Gerwig comme actrice du cinéma indépendant américain. Cette fois-ci, et pour la première fois, elle passe de l’autre côté de la caméra avec Lady Bird. Son premier film est une réussite incontestable. Il s’agit d’un récit d’apprentissage : Christine, qui se fait appeler « Lady Bird », est une adolescente californienne qui rêve de quitter Sacramento, pour aller étudier sur la côte est. En effet, elle juge sa ville natale trop provinciale pour ses rêves. Tantôt rebelle, tantôt sentimentale, Christine étudie dans un lycée catholique, ce qui ne va sans un certain décalage avec ses aspirations…Notre héroïne rêve d’un ailleurs qu’elle ne trouve ni dans son lycée privé, ni dans sa famille, dont elle semble avoir un peu honte. Bien qu’attachante, elle ment plus souvent qu’à son tour.
Greta Gerwig filme l’institut religieux avec beaucoup de bienveillance. Le public français sera d’ailleurs surpris de l’insertion de ce lycée très confessionnel au sein d’une civilisation américaine où le rock le dispute au kitsh. Mais c’est surtout avec sa mère que Christine entretient les relations les plus tendues. Que lui reproche-t-elle, en fin de compte ? Qu’elle lui dise la vérité sur leur condition modeste ? De l’aimer à sa façon ? Greta Gerwig ne juge pas ses personnages. Elle se contente de les filmer avec tendresse, avec leurs rêves, leurs limites et leurs logiques propres en fonction desquelles ils évoluent.
Lady Bird est un film original, qui nous change avec bonheur des intrigues convenues, ou des spectacles où l’horreur s ‘accompagne de flots ininterrompus d’hémoglobine. Surtout Saoirse Ronan nous gratifie d’une interprétation remarquable dans le rôle principal. Christine représente une héroïne de notre siècle. Une adolescente qui fait ses classes, perdue dans le rêve californien. On notera que le lycée privé ne se contente pas de servir d’arrière-plan à l’histoire, ni de donner au récit une touche de religiosité, bien dans le ton d’une Amérique encore très croyante. La dimension religieuse est au contraire bien présente dans l’intrigue, ce qui constituera assurément la note la plus dépaysante pour le public français. Un film qui sort décidément des sentiers battus.
Jean-Michel Castaing
Lady Bird, de Greta Gerwig, USA – 1h 33
Une réponse à “Lady Bird, de Greta Gerwig”
Merci pour cette chronique, qui donne envie d’aller voir ce film. Vincent Martorell