Résistance spirituelle
La lutte contre la loi Taubira a été, et est toujours, un combat politique et culturel de grande envergure. Manifs pour tous, Veilleurs assis, debouts, marcheurs… La mobilisation a été de grande ampleur, et la réponse gouvernementale a été froide, sourde et répressive.
Devant une répression policière trop souvent disproportionnée, certains manifestants ont employé le terme de « dictature » pour désigner le gouvernement, et surtout le vocable « résistance » pour qualifier la lutte contre le mariage pour tous.
Ces deux mots reviennent souvent, et ils posent question.
Il est en effet difficile de qualifier la République Française de dictature. Les élections sont encore libres, la presse aussi et nous pouvons encore nous réunir librement… Certes, il y a eu de vrais abus de pouvoir : recours aux gaz lacrymogène trop fréquents, gardes à vue abusives, interdictions illégitimes de certaines manifestations… Nous sommes en présence d’abus bien réels qui ont été dénoncés à juste titre par le Conseil de l’Europe. Mais des abus de pouvoir ne font pas d’un régime une dictature… du moins pour le moment, car si personne ne réagit devant ces excès, alors le pouvoir en place n’a plus d’opposition, et là, la démocratie peut être réellement menacée. Mais nous en sommes encore loin.
Au-delà de ces abus, il y a un sentiment de “pensée unique” qui se dégage d’une partie des médias. Etre opposé à la loi Taubira ferait de nous des “homophobes”, ce qui rend inconcevable une quelconque opposition. C’est un vrai problème de démocratie car cela rend le débat démocratique impossible. S’opposer à cette pensée unique a pour conséquence une entrée en dissidence et un risque d’isolement dans la société politique. Alors que nous ne sommes pas formellement en dictature, un diktat idéologique s’est imposé… serait-ce une forme contemporaine, nouvelle, de tyrannie ? Fort possible.
Mais cela fait-il des opposants à la loi Taubira, des “résistants” ? La Résistance née le 18 juin 1940 faisait face à une puissante armée ennemie et à un État français devenu totalitaire. Elle était très diversifiée. Loin d’être uniforme et unie, elle était composée d’une multitude de courants, de tendances. Mais aussi, elle avait différents modes d’actions. Il n’y avait pas que la lutte armée, mais aussi un foisonnement de journaux clandestins, des livres publiés dans l’ombre. Une partie de cette résistance était ainsi qualifiée de « Résistance spirituelle ». Elle s’était constituée autour de publications clandestines dont la plus célèbre était « Les Cahiers du témoignage chrétien ». Mais elle n’était pas la seule. Nous pouvons citer aussi le journal de l’Action catholique de la jeunesse « Les Cahiers de Notre Jeunesse » dont la plus célèbre plume était Gilbert Dru, inspirateur du Mouvement républicain populaire, la démocratie chrétienne française née de la Résistance. Dru a été fusillé à Lyon, sur la place Bellecour, en 1944 à l’âge de 24 ans … Il est l’une des plus belles figures de la résistance spirituelle et il est considéré par beaucoup comme un saint.
La Résistance spirituelle se donnait pour but d’éveiller les consciences. Elle invitait à ne pas se résigner à l’inéluctable, à résister face à des puissances morbides que tout le monde croyait toutes-puissantes. Les cahiers du témoignage chrétien avaient pour devise « France, prends garde de perdre ton âme »… Tout était dit.
Peut-on parler de Résistance aujourd’hui ? Non, car le contexte n’est pas le même et nous n’avons pas la Wehrmacht et les SS en face de nous. Notre combat n’est pas armé et il ne vise pas un Etat ennemi. Oui, si nous parlons de Résistance spirituelle. Les Veilleurs, et d’autres mouvements nés des Manifs pour tous sont dans une démarche d’éveil des consciences face aux grands changements de sociétés en cour. Ils sont dans une démarche d’espérance qui invite les hommes à ne pas se résigner à l’inéluctable, à se tenir debout face a une déferlante qui se considère toute puissante. Il s’agit bien là d’une résistance spirituelle. Cet éveil n’est pas spécifiquement chrétien, il est spirituel au sens le plus profond car il s’adresse à la conscience de l’homme, à son esprit. Car le problème n’est pas seulement la loi Taubira, c’est tout ce qui suit : PMA, GPA mais aussi recherche sur l’embryon, euthanasie et bientôt peut-être, utérus artificiel. Les idéologies nées des gender studies, le cyborg, le transhumanisme, tous ces courants de pensées influencent notre société. Il convient d’en parler, d’agir, de résister pour que la société du futur ne devienne pas un cauchemar. Il faut éveiller les consciences par un témoignage, par un appel aux consciences, par une résistance spirituelle.
Charles Vaugirard
Une réponse à “Résistance spirituelle”
[…] ne signifie pas qu’il faut “tout lâcher”. Cela ne veut pas dire qu’il faut abandonner la Résistance spirituelle face à la déferlante des lois sociétales. Mais il ne faut pas perdre de vue le principal : […]