Pour une démocratie à la gouvernance renouvelée

Très certainement il est temps de réfléchir à l’évolution de notre démocratie. La démocratie telle que nous la connaissons se cristallise dans sa maturité autour de 2 grands partis (Démocrates et Républicains aux USA, Travaillistes et Conservateurs en GB, CDU et SPD en Allemagne, PS et UMP en France…). Contrairement à la diatribe facile du FN qui parle de l’UMPS, cette cristallisation autour de deux partis est le propre de toute démocratie mature.
En revanche, les notables de ces partis, ont tout intérêt à pérenniser la délégation de pouvoir que représente l’élection des représentants du peuple. L’intérêt de l’homme de pouvoir est de conserver celui-ci. Pour cela, il doit assurer le peuple, qu’il le soulage de tous les maux en demandant uniquement à celui-ci la démarche de voter. Le peuple a alors bonne conscience en se disant, après avoir voté, qu’il a joué son rôle et que ce serait bien que les hommes de pouvoir jouent le leur en réalisant les promesses pour lesquelles ils ont été élus.
Ainsi, chacun se voit renforcer dans sa position : l’électeur se déresponsabilise par son bulletin et s’achète à peu de frais une conscience politique ; l’élu accapare les pouvoirs et favorise sa réélection par l’infantilisation « du pain et des jeux ».
Aujourd’hui, il est trop facile de voir ceux ayant voté pour le gouvernement actuel noyés dans les jérémiades, ou d’entendre leurs opposants se gausser ou prétendre avoir prédit ce qui nous arrive. Les uns comme les autres ne peuvent plus se laver les mains dans la cuvette de Pilate, qui en s’insurgeant des promesses non tenues, qui en post-prophétisant les malheurs qui nous accablent.
Il est de la responsabilité de chacun de saisir l’occasion de cette période de troubles, oserai-je dire d’attente messianique, pour renouveler un appareil décisionnel en véritable force de gouvernance participative. Faut-il, comme autrefois les grecs, tirer au sort chaque année les représentants du peuple de telle instance ? Comment mettre en place le principe de subsidiarité auquel beaucoup seront réticent pour de fausses bonnes raisons : lenteur dans la prise de la décision, incompétence intellectuelle de certains… Comment éduquer nos enfants à l’art de gouverner et de servir son peuple ?
Bref, réconcilions les Français avec la politique, rapprochons nos politiques du commun des Français. Adoptons chacun la petite phrase de Louis XIV : « L’Etat, c’est moi. »
Ces quelques mots de Giuseppe Capograssi[1] éclairent fort bien le propos ci-dessus :
Quand il s’agissait de défendre ou de garantir la société, le suffrage choisissait les gens capables et leur déléguait plus ou moins l’autorité pour défendre et garantir ; mais quand il s’agit de former et de créer la société elle-même, quand il s’agit, précisément, de résoudre le problème de la vie même de l’individu, de son développement et de son destin, est-il possible de choisir des arbitres et de déléguer sa propre vie et ses problèmes à ces arbitres ?
Rafélis
[1] NDLR : Giuseppe Capograssi était un philosophe du droit du XXème siècle. Italien, il était proche de la Démocratie chrétienne et il était un opposant au régime fasciste.
Une réponse à “Pour une démocratie à la gouvernance renouvelée”
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