L’Esprit Saint vous guidera vers la vérité tout entière

Pentecote- Anne-Tiessé
Alors que nous célébrons ce dimanche la solennité de la Pentecôte, nous nous souvenons que cinquante jours après la fête de la Pâque, le Peuple juif rendait grâce pour les prémices[1]de l’orge et du froment. En outre, deux siècles avant notre ère, ce même jour, il célébrait aussi l’Alliance au Sinaï. Ce qui fit dire à saint Léon le Grand : « … c’est cinquante jours après l’immolation de l’agneau que jadis le peuple hébreu, libéré des Egyptiens, reçut la Loi sur la montagne du Sinaï. De même, le cinquantième jour après la passion du Christ, qui fut l’immolation du véritable agneau de Dieu, cinquante jours après sa résurrection, l’Esprit Saint fondit sur les Apôtres et sur le peuple des croyants. Le chrétien attentif reconnaîtra donc facilement que les débuts de l’Ancien Testament étaient au service des débuts de l’Evangile, et que la seconde alliance fut constituée par le même Esprit qui avait fondé la première. »
Toujours au sujet de cette fête, saint Basile nous dit que « le Saint-Esprit a coopéré avec le Verbe à la création de l’homme, vertu de vie, substance divine (…) envoyée à l’homme dans un souffle de Dieu ; maintenant il est de nouveau envoyé à l’homme de façon visible par le Christ. Cette rénovation et cette coopération répondaient à cette création première. C’est le même esprit qui est donné aujourd’hui et qui était donné au commencement ; au commencement, donné avec l’âme, aujourd’hui, répandu dans l’âme[2]. » La Pentecôte est la genèse, le début de la création nouvelle, de la recréation, qui s’opère de manière ordinaire dans l’Eglise par le baptême et la confirmation.
Etre disciples du Christ n’est pas une sinécure
Mais venons-en à l’Evangile de ce jour auquel j’ajoute quelques versets pour mieux en comprendre le contexte: « Je vous dis tout cela pour que vous ne risquiez pas de tomber On vous exclura de la synagogue. Et même, l’heure vient où tous ceux qui vous tueront s’imagineront offrir ainsi un sacrifice à Dieu. Ils le feront parce qu’ils ne connaissent ni le Père ni moi. Mais voici pourquoi je vous dis tout cela : quand cette heure sera venue, vous vous souviendrez que je vous l’avais dit. Je ne vous l’ai pas dit dès le commencement, parce que j’étais avec vous. » Ces versets nous rappellent qu’être disciples du Christ n’est pas une sinécure. Le Seigneur nous prévient que « l’heure vient où tous ceux qui vous tueront s’imagineront offrir ainsi un sacrifice à Dieu. Ils le feront parce qu’ils ne connaissent ni le Père ni moi. » Concrètement saint Jean dit que ceux qui livrèrent Jésus à Pilate lui dirent : « Nous avons une loi, et selon cette loi il doit mourir parce qu’il s’est fait Fils de Dieu[3]. » Cette annonce de temps difficiles est paradoxalement un baume pour nous. En effet, nous pouvons comprendre au travers de ces versets que le Seigneur connaît tout et que nous sommes constamment sous sa protection…
Comme les disciples d’Emmaüs nous sommes tentés de lui dire : « Reste avec nous Seigneur, il se fait tard… » Pourtant Jésus nous dit : « C’est votre intérêt que je m’en aille, car, si je ne m’en vais pas, le Défenseur ne viendra pas à vous ; mais si je pars, je vous l’enverrai. » En livrant sa vie à Dieu le Père par amour de Lui et de chacun de nous, Jésus s’est fait offrande. Son offrande a été agréée par le Père ; la résurrection et l’envoi de l’Esprit Saint en sont la preuve pour le monde ainsi que pour ses disciples de tous les temps.
Une vocation de prêtres, de prophètes et de rois
« Quand il viendra, il dénoncera l’erreur du monde sur le péché, sur le bon droit, et sur la condamnation. Il montrera où est le péché, car l’on ne croit pas en moi. Il montrera où est le bon droit, car je m’en vais auprès du Père, et vous ne me verrez plus. Il montrera où est la condamnation, car le prince de ce monde est déjà condamné. » Comme chrétiens nous faisons le dure expérience que nous ne sommes pas du monde. En effet, en essayant de vivre les commandements de Dieu et de l’Eglise, nous sommes comme « mis à part ». Cette mise à part, cette consécration à la vérité, c’est à dire à Dieu lui-même nous permet de vivre en plénitude notre vocation baptismale, c’est à dire de prêtres, de prophètes et de rois… Voilà pourquoi nous avons besoin de l’Esprit Saint…
En effet, comme nous le disions la semaine dernière, le disciple du Christ a reçu comme mission de manifester au monde par toute sa vie non seulement l’amour de Dieu en Jésus Christ, mais aussi ses droits et ceux des hommes contre lesquels aucune loi ne prime. Aussi, le Paraclet, le Défenseur qui nous est promis, est une consolation dans les tribulations et les larmes. En tout temps, les disciples du Seigneur savent qu’ils ont un soutien. L’Esprit Saint ne nous est pas donné pour nous-mêmes, mais afin que puissions témoigner devant la justice des hommes qui n’est pas toujours conforme à celle de Dieu… Par le don de l’Esprit Saint, Jésus nous donne le moyen de l’imiter en témoignant devant les Pilate du moment : « Je suis né et je suis venu dans le monde pour rendre témoignage à la vérité[4]. » N’ayons pas peur, car comme il l’a dit : « le prince de ce monde est déjà condamné. »
Mémoire et transmission
« J’aurais encore beaucoup de choses à vous dire, mais pour l’instant vous n’avez pas la force de les porter. Quand il viendra, lui, l’Esprit de vérité, il vous guidera vers la vérité tout entière. En effet, ce qu’il dira ne viendra pas de lui-même : il redira tout ce qu’il aura entendu ; et ce qui va venir, il vous le fera connaître. Il me glorifiera, car il reprendra ce qui vient de moi pour vous le faire connaître. » Quelle délicatesse. Jésus le bon Pasteur ne veut charger ses brebis, ses disciples, d’un trop lourd fardeau. C’est lui qui nous porte sur ses épaules, il porte avec nous le poids de la mission. Voilà pourquoi il préfère que nous attendions le don du Saint Esprit qui « nous guidera vers la vérité tout entière » et « nous redira tout ce qu’il aura entendu ». Benoît XVI dans son Jésus de Nazareth remarque que chez saint Jean le fait de se souvenir devient compréhension et chemin vers la vérité tout entière… Le pape émérite fait un lien entre cet Evangile et celui de saint Luc. Lors de l’Annonciation, de la Nativité, de l’adoration des bergers et enfin lors du recouvrement de Jésus au Temple, La Vierge Marie retenait, gardait dans son cœur tout ces événements… Benoît XVI de dire : « La mémoire de Marie retient d’abord les événements dans le souvenir, mais elle est plus que cela. Elle est une fréquentation intérieure de l’événement. Ainsi elle pénètre dans la dimension intérieur en voyant les choses dans leur contexte et en apprenant à la comprendre[5]. » Comme la Vierge Marie comblée de la grâce de l’Esprit Saint, nous sommes invités à faire le lien entre la Parole de Dieu et notre quotidien. C’est par ce travail de mémoire, de fréquentation intérieure, que l’Esprit Saint nous introduira aujourd’hui dans la vérité tout entière et que nous pourrons la transmettre à nos contemporains.
« Tout ce qui appartient au Père est à moi ; voilà pourquoi je vous ai dit : Il reprend ce qui vient de moi pour vous le faire connaître. » Cette connaissance de la vie divine et de l’amour de la Sainte Trinité pour tout homme nous pousse à témoigner et à avoir du zèle pour les âmes et par amour d’elles. Elle est comme les prémices pour le moissonneur, une anticipation de la moisson. Cette connaissance est une sorte d’anticipation sur la terre de la joie du Ciel où nous connaîtrons parfaitement l’amour de Celui qui seul nous connaît en vérité…
En ce mois de mai, demandons à la Vierge Marie, l’Epouse de l’Esprit Saint, la Mère du Verbe Eternel, la Reine des Apôtres et la Mère de l’Eglise de nous aider à lire amoureusement la Parole de Dieu et à placer notre cœur, notre mémoire et notre intelligence sous la conduite de l’Esprit Saint, l’Esprit de Vérité.
Bonne fête de Pentecôte à tous !
Pod
[1] Dt. 16, 9.
[2] Saint Basile : Contre Eunomius, V.
[3] Jn 19, 7.
[4] Jn 18.
[5] Editions Flammarion, Paris, 2007, p. 260.
Une réponse à “L’Esprit Saint vous guidera vers la vérité tout entière”
SUPERBE !EXCEPTIONNEL!