L’inéluctable euthanasie ?

Pour de nombreuses raisons, l’euthanasie peut d’ores et déjà être considérée comme acquise en France. La première, c’est qu’il s’agit d’un engagement de campagne de François Hollande. On nous répliquera donc, comme on l’a fait pour le mariage homosexuel, qu’un président est élu sur un programme et qu’il est normal qu’il l’applique. L’Union Européenne ne sera non plus d’aucun secours, son pouvoir en la matière n’étant pas contraignant.
“opinion publique”
Deuxièmement, l'”opinion publique” est prête, les (pseudos) sondages le prouvent. Peu importe que l’opinion publique n’existe pas, que vous n’ayez pas été sondé, que la question soit soigneusement tordue, les médias et les partisans de l’euthanasie ont désormais l’argument du chiffre (96 %, clame haut et fort l’ensemble des médias), qui nous fera tous passer pour une minorité aigrie, ultra-catholique, proche de l’extrême droite etc. Depuis de nombreux mois déjà on met en lumière des cas extrêmes, des situations particulières pour préparer les esprits. Ne soyons pas naïfs : si le gouvernement met en marche le processus législatif, c’est qu’il est sûr de lui comme il était sûr pour le mariage homosexuel. Le débat nous est à nouveau volé, comme il y a deux ans.
L’argument économique
Une ultime raison de l’inéluctabilité de l’euthanasie est son avantage économique. Bien sûr, personne n’ira avancer de front cet argument, encore moins les politiques. Il n’empêche que c’est une raison valable pour eux : lits d’hôpitaux libérés, soins moindres, moins de médicaments à fournir, etc. Un malade, ça coûte cher et en plus ça ne rapporte rien, alors. Sans compter le besoin impérieux du président d’occulter ses échecs sur les autres plans : économie, situation au Mali, et tellement d’autres.
Alors, quelles solutions ? Il ne faut pas renoncer pour autant à l’action, à l’information, aux manifestations si nécessaire. Il faut interpeller, faire pression, lancer des pétitions même si elles risquent d’avoir le même destin que celles d’il y a deux ans : la poubelle. Mais se cacher derrière le politique serait une erreur. En février 2011, Alain Fouché (UMP) réclamait l’euthanasie au même titre que ses collègues du PS et du PCF. En décembre 2008, ce n’était pas un groupe d’un autre parti que l’UMP qui réclamait que soit enfin autorisée l’euthanasie, même sous contrôle. Jean Leonetti, qui présentera un rapport debut décembre et a légiféré sur le principe du “laisser mourir”, n’est pas au Parti Socialiste. Les plus favorables au “oui” lors du sondage de l’ADMD sont des sympathisants FN. Peut-être les choses peuvent-elles changer, il reste que s’accrocher aux partis et se cacher derrière une urne serait un grave manquement à notre devoir de chrétien.
Une solution : la proximité
Notre devoir, il est dans la proximité. L’efficacité réside dans la proximité. Alors c’est sûrement moins facile que de signer une pétition en ligne, c’est sûr, mais prenons la résolution de soutenir les malades, tous ces gens un peu perdus qui ne demandent qu’à être écoutés, réconfortés. Chacun à notre niveau, rappelons à quel point la vie est digne d’être vécue. Osons rappeler que la souffrance même a un sens, parce que c’est la souffrance du Christ qui a sauvé le monde et chacun de nous. Rappelons que la souffrance n’est jamais continue, qu’il y a toujours un mieux, qu’elle n’est jamais totalement insurmontable ni insoutenable. Il ne s’agit pas de vouloir la souffrance ni de laisser les malades avec leur douleur, mais bien de se souvenir que bien souvent la souffrance physique est liée à un désespoir, et que consoler ce désespoir rend plus supportable la douleur. Souvenons-nous qu’aucun patient ne souhaite mourir : il souhaite moins souffrir, et c’est à notre portée à tous de l’aider dans ce sens.
Heront
Une réponse à “L’inéluctable euthanasie ?”
Je ne comprends pas pourquoi tu mets Jean Leonetti dans le même sac. Le “laisser mourir” et le “faire mourir” n’ont rien à avoir. La lutte contre l’euthanasie n’est crédible (et même, juste) qu’avec le refus de l’acharnement thérapeutique. La loi Leonetti était, dans cette optique, une loi très juste.