François, évêque de Rome, nouveau souffle des relations avec l’Eglise orthodoxe ?
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Exhortation apostolique Evangelii Gaudium

François et Bartholomée au Saint-Sépulcre / Icône de Sts Pierre et André, fondateurs des Eglises de Rome et de Constantinople, offerte par Athénagoras à Paul VI en 1964
19 mars 2013 : le pape François est installé sur le siège de Saint Pierre. Pour la première fois depuis le Grand schisme de 1054, le patriarche de Constantinople Bartholomée est présent.
5 janvier 2014 : François annonce sa rencontre avec Bartholomée, quelques mois plus tard en Terre sainte, annonce faite 50 ans jour pour jour après la rencontre historique entre leurs prédécesseurs Paul VI et Athénagoras.
8 juin 2014 : François et Bartholomée se retrouvent à Rome et s’unissent dans une prière commune pour la paix, aux côtés des musulmans et des juifs.
Le rapprochement entre les Eglises de Rome et de Constantinople est un fait indéniable, notamment depuis la levée réciproque des excommunications de 1054 en décembre 1965 1Une déclaration commune de Paul VI et d’Athénagoras fut lue simultanément au Concile au Vatican et dans la cathédrale du Phanar, à Istanbul : http://www.vatican.va/holy_father/paul_vi/speeches/1965/documents/hf_p-vi_spe_19651207_common-declaration_fr.html . Depuis le Concile Vatican II – auquel assitaient des observateurs orthodoxes- et la Constitution dogmatique Lumen Gentium, les signes se multiplient, sous tous les pontificats : rencontres de Paul VI et Athénagoras à Jérusalem, Istanbul et Rome; visite de Jean-Paul II aux Eglises orthodoxes d’Europe de l’Est (Roumanie, Bulgarie, Grèce,…), relation épistolaire riche entre Benoit XVI et le patriarche Cyrille de Moscou,… Jusqu’à François qui rencontre Bartholomée plus souvent en 2 ans de pontificat qu’aucun de ses prédécesseurs.
Mieux encore : des discussions sont en cours entre le Vatican et le Patriarcat de Moscou. Répondant à une invitation de Moscou lancée en novembre dernier, François a fait savoir au patriarche Cyrille sa volonté de le rencontrer. Il s’agirait là d’une première historique : si les patriarches moscovites ont souvent reçu ou rendu visite à des cardinaux et des évêques, jamais encore ils n’ont rencontré l’évêque de Rome. Les difficultés ne manqueront pas à l’organisation de cette rencontre 2Le métropolite Hilarion, responsable des relations extérieures du Patriarcat de Moscou a notamment souligné les difficultés en Ukraine ou encore le rapprochement trop étroit avec Constantinople, les deux sièges patriarcaux ayant quelques désaccords notamment sur la primauté., mais le projet devrait tout de même aboutir.
A un moins haut niveau, d’autres initiatives œcuméniques marquent ce rapprochement : la rencontre des patriarches gréco-catholique et gréco-orthodoxe d’Antioche, Grégoire III et Jean X 3http://www.oeuvre-orient.fr/2014/06/24/loecumenisme-en-marche-visite-du-patriarce-grec-orthodoxe-dantioche-au-patriache-grec-catholique/ ; réconciliation des catholiques et des orthodoxes en Pologne 4http://www.paxchristi.cef.fr/v2/orthodoxes-russes-et-catholiques-polonais-ensemble-pour-la-reconciliation/ ; rapprochements œcuméniques pendant “l’Euromaidan” à Kiev 5http://www.la-croix.com/Religion/Spiritualite/Les-evenements-du-Maidan-ont-ils-uni-les-Eglises-en-Ukraine-2014-02-28-1113605 ; célébrations œcuméniques à Pâques; etc.
A la Pentecôte 2016, se tiendra un Concile panorthodoxe 6http://www.aleteia.org/fr/religion/actualites/istanbul-un-grand-concile-panorthodoxe-en-2016-5302281847177216 , événement sans précédent depuis plus d’un millénaire! Ainsi que le soulignait Ion Dimitrov, jeune théologien orthodoxe, dans les pages de ces Cahiers il y a quelques mois, ce Concile sera difficile et sans doute très long, mais il est le signe d’une unité renforcée et revivifiée de l’Eglise orthodoxe. Si la comparaison avec le Concile Vatican II n’est pas toujours juste, il n’en est pas moins que cet événement aura un grand retentissement. Et comme le rappelle I. Dimitrov, la suite logique de ce rassemblement serait un véritable Concile œcuménique, unissant tous ceux “qui tiennent la Sainte Écriture pour leur règle de foi et de vie, manifestent un zèle religieux sincère, croient de tout leur cœur au Dieu Père tout-puissant et au Christ Fils de Dieu et Sauveur, sont marqués par le baptême qui les unit au Christ” 7Constitution dogmatique Lumen Gentium, paragraphe 15.
Avec de telles réalisations, François a d’ors et déjà placé son pontificat sous le signe d’un dialogue renforcé avec l’Eglise orthodoxe. Et avec de telles perspectives, l’unité des chrétiens sera, à n’en pas douter, plus belle.
Revenant de Jérusalem, François a appelé Bartholomée “[son] ami, [son] frère”. Puisse ces frères travailler ensemble à répandre la Bonne Nouvelle, comme le firent les frères André et Pierre, fondateurs des Eglises de Rome et de Constantinople!
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Notes :
Une réponse à “François, évêque de Rome, nouveau souffle des relations avec l’Eglise orthodoxe ?”
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