Édito : Depuis cet an 33…
Nous sommes dans Jérusalem. Depuis la liturgie de dimanche, nous sommes dans Jérusalem. Depuis cet an 33, an de grâce, an de plaintes, an de la passion ; depuis cet an 33, nous sommes dans Jérusalem, sans pouvoir en sortir. Refaisant sans fin les stations du chemin de la Croix. Sans fin, jusqu’à la fin, jusqu’à Lui. Jusqu’à l’an de grâce, de la grâce finale.
Depuis dimanche au moins, faute d’y avoir été avant.
Dimanche, à l’écoute de sa passion, nous avons pâti, compati. Compassion de sa passion.
Or Jésus, poussant de nouveau un grand cri, rendit l’esprit.
Et voilà que le voile du Sanctuaire se déchira en deux, du haut en bas; la terre trembla, les rochers se fendirent, les tombeaux s’ouvrirent et de nombreux corps de saints trépassés ressuscitèrent. (Mt 27, 50-52)
Son cri ne déchira pas que son âme et celle de sa douloureuse mère, le voile du sanctuaire lui-même se déchira. Son cri ne fit pas seulement trembler son corps pendu au bois, la terre elle-même trembla. Son cri ne fut point la fendaison de son poitrail seul, les rochers eux-mêmes se fendirent. Son cri n’ouvrit pas simplement la pierre de son tombeau, ne ressuscita pas seulement sa mort, les saints trépassés eux-mêmes furent libérés.
Depuis cet an 33, la terre tremble de la Passion du Roi. Depuis cet an sordide et cet an sublime les prédicateurs, les saints, les poètes, les pécheurs redisent la Passion.
Pour vivre ces jours avec les saints et les pécheurs, tous les chrétiens qui depuis l’an 33 ont contemplé sa Croix, nous vous proposons chaque jours un texte pour trembler le tremblement de mort du Crucifié, le tremblement de vie du Ressuscité. Textes de poètes du XXe siècle (lundi et mercredi), textes de Pères de l’Église (jeudi, vendredi, samedi, dimanche et lundi).
Les auteurs des Cahiers, une semaine durant se mettent en retrait. Les poètes et les saints vous guideront en retraite. La retraite de son cœur.
Crucifixion blanche, Marc Chagall.
Benoît.
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