La poésie aujourd’hui…

Si je vous dis…
« le premier site de rencontre » ?
Vous pensez probablement tout de suite à beaucoup de choses peu catholiques (en particulier mon cerveau est parti là ).
« Qu’il me baise » ?
Vous pensez peut-être a un tag (comme celui en face de mon lycée) ou bien à un terme argotique à la limite de l’insulte (très utilisé par certains groupes de jeunes).
Et pourtant…
Pourtant le premier renvoi à une publicité de la SPA.
Pourtant le second renvoi au premier verset du Cantique des Cantiques (oui dans la Bible).
Alors quoi ?
Ces mots sont marquant car ils touchent l’essence de la manière dont le langage traduit l’homme.
En effet, à quoi sert la langue, si ce n’est pour la rencontre. Et non la rencontre pleine d’arrière-pensées proposée des sites comme Gleeeden. La rencontre comme véritable cœur à cœur.
Et qu’est-ce que le baiser sinon l’expression la plus chaste du dialogue des corps.
Les mots perdent leur force avec leur précision, leur valeur avec leur exactitude.
La poésie de nos règles disparaît au profit du désordre et de la démesure, du familier et du vulgaire.
Et l’homme perd sa dignité au nom d’une liberté absolue.
La notion d’honneur ce « lien entre une personne et un groupe social qui lui donne son identité » [Hobbes, le Leviathan chap. 10] disparaît.
Je suis fondamentalement convaincu que de l’un nait l’autre.
Quant à savoir si l’origine est dans l’effacement du verbe ou dans l’extinction de l’honneur et de l’être, cela je ne sais.
Mais ce que le monde me donne à voir chaque jour est que ces deux faits vont de pair. Il suffit de voir à qu’elle point le langage qui nous est imposé est édulcoré (voir ceci par exemple).
Ardent défenseur de l’homme, je me dois donc d’être défenseur de ses idiomes et de leur correct usage.
Et si notre verbe « s’en trouve haussé à du joli théâtre […], il étonner[a] les autres, ce qui est déjà une satisfaction en ces temps d’uniformité où se nivellent médiocrement les convenances sociales »[Raspail, De la tenu].
Et si nous ne pouvons plus contourner la règle et bien jouons avec.
Soyons acteur d’un grand théâtre !
Soyons donc poète !
article originellement rédigé pour carnet2route.eu
Une réponse à “La poésie aujourd’hui…”
Entièrement d’accord ! On veut de la verve !!